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Les Algues Sargasses sont de retour !


Il y a deux ans, la Guadeloupe, la Martinique mais aussi l'ensemble des îles de la Caraïbe étaient touchées par une invasion d'algue d'ampleur sans précédent. Cette année, les algues Sargasses sont de retour dans les eaux guadeloupéennes et ailleurs dans la Caraïbe. Alors que la nouvelle saison touristique vient de débuter, les sargasses ne sont pas les bienvenues.

On se souvient, il y a deux ans, que les Antilles-Françaises, Guadeloupe, Martinique, Saint Martin et Saint-Barthélémy ainsi que l'ensemble des îles de la Caraïbe étaient touchées par une invasion d'algues sans précédent si bien que les gouvernements de la Caraïbe membres de la Caricom avaient levé près de 120 millions $USD afin de lutter contre le phénomène. Pour les Antilles-Français,la gestion de la crise avaient été organisée au niveau local avec des ramassages dans les différentes communes, puis, à l'époque, l'ancien gouvernement du président Hollande avait débloqué la somme de 2 millions €, ainsi que l'organisation d'une conférence internationale réunissant la plupart des pays concernés.

On se pensait à l'abri d'une nouvelle invasion des sargasses, pourtant cette année, depuis le mois de Janvier, les algues sargasses sont de retour dans les eaux guadeloupéennes et ailleurs dans la Caraïbe. Alors que la nouvelle saison touristique vient de débuter, les sargasses jouent les troubles fêtes et ne sont pas vraiment les bienvenues dans une région vivant essentiellement du tourisme.

De Haïti à Trinidad tous les pays sont touchés par ce phénomène commencé en 2011, où des bancs d'algues saisonniers s'échouaient sur le littoral des îles de la Région ,comme le révèlent les différents articles.

En Haïti : « La mer de Jacmel (Sud-Est) est envahie par des algues sargasses, cette espèce qui vit dans l’océan et qui se reproduit en quantité. » –

Radio Television Caraibes, le 3 avril 2017.

A Saint-Martin : « Depuis une quinzaine de jours, les échouages de sargasses se sont intensifiés sur les plages de Saint-Martin. ‘La saison recommence, il y en a tout le long de la plage sur presque un mètre de hauteur » rapporte le brigadier Ismaël depuis la plage de Coralita.’ – Soualiga Post, le 12 mai 2017.

Aux îles-Vierges Britanniques : « The government has announced that the seasonal floating weed, known as Sargassum Seaweed, has returned and has “increased in indefinite amounts”. » bvinews.com

A Saint-Lucie : « Le projet est intitulé ‘L’enlèvement et l’utilisation des Sargasses de la côte Est de Sainte-Lucie pour créer du compost organique pour l’industrie agricole’. Ce projet est encore en cours d’exécution et donnera bientôt à Sainte-Lucie sa première usine de fabrication de bio-engrais. » – France-Antilles du 12 avril 2017.

Mais d'où viennent les sargasses ?

Pendant longtemps, on doutait de leur provenance,les hypothèses laissaient penser que ces algues provenaient du Golfe du Mexique ou de la Mer des Sargasses, au Nord des Antilles, mais selon les scientifiques ont découvert que ces sargasses, qui viennent polluer les Antilles et la Guyane, se développaient au large du Brésil. La déforestation en Amazonie serait notamment à l’origine de leur prolifération. Il semble en effet que les nutriments contenus dans l’eau de l’Amazone et L’Orénoque profitent à la croissance de ces algues et favorisent leur développement massif.Ce phénomène devrait malheureusement se reproduire, voire s’accentuer les prochaines années, en raison de la destruction massive de la mangrove d’Amérique latine, qui permettait auparavant de retenir une grande partie des nutriments provenant des fleuves. Conséquence ce sont les îles de la Caraïbes qui payent le prix de cette politque de profit où la nature est meurtrit.

Dans leurs études, les scientifiques ont établis l'existence de deux espèces d'algues. Les sargassum natans ou Sargassum fluitants, qui sont deux espèces pouvant croître et se diviser totalement au large, contrairement à d’autres espèces comme Sargassum Muticum, nécessitant une fixation dans des eaux de faible profondeur.Cette caractéristique permet à ces algues de survivre sur de grandes distances avant de venir s’échouer et se décomposer sur nos côtes, produisant de l’hydrogène sulfuré responsable des odeurs nauséabondes et des risques pour la santé.

Ces risques sont à prendre au sérieux car lorsqu’elles sont en mer, ne représentent aucun danger. Elles sont même considérées par les pêcheurs comme d’excellentes nurseries, car elles permettent d’attirer de plus gros poissons venant se nourrir sous ces radeaux flottants. Mais, la dégradation des sargasses produit de l’hydrogène sulfuré, un gaz toxique, dont l’odeur est aujourd’hui bien connue de tous. Ce gaz, est nocif à de fortes concentrations, il est donc recommandé aux personnes sensibles (enfants, personnes âgées...) d’éviter les zones où les sargasses sont en décomposition.

Cependant, ce phénomène n’est pas seulement nuisible pour les humains. De nombreux témoignages montrent que les animaux sont eux aussi victimes de l’envahissement de ces algues, c'est le cas pour les tortues nombreuses sont celles qui ne peuvent pas se rendre sur les plages pour y enfouir leurs oeufs. Lorsqu’elles y parviennent, les nids risque d’être détruits par les bulldozers ramassant les sargasses, et les juvéniles, parfois même les adultes, en crevant une poche de gaz, sont asphyxiés et meurent noyés ou les nombreux poissons de la zones qui sont morts par centaines.

Les sargasses dangereuses pour la santé :

Dès le début du problème Sargasse aux Antilles-Françaises, l'Anses (Agence nationale de sécurité sanitairede l’alimentation, de l’environnementet du travail) a été saisie en 2015 pour la réalisation d’une expertise relative aux émanations issues d’algues sargasses en décomposition.

L'agence recommandait de mettre en œuvre des mesures pour protéger le public et les travailleurs chargés du ramassage, du transport et du traitement des algues sargasses, des expositions au sulfure d’hydrogène (H2S) produit lors de leur décomposition. Car, le sulfure d'hydrogène présente des effets sanitaires de gravité croissante avec la concentration allant de symptômes d'irritation oculaire et respiratoire jusqu'à des troubles cardiovasculaires pouvant conduire à la mort, en passant par des troubles neurologiques.

Selon ses recommandations, il faut :

  • limiter l’exposition du public, notamment en ramassant régulièrement les algues échouées sur le littoral, en balisant les chantiers de ramassage et en informant la population des risques sanitaires liés à l’exposition au H2S ;

  • limiter l’exposition des travailleurs, notamment par le port de détecteurs d’H2S, le recours à des moyens mécaniques pour le ramassage autant que possible, le port d’équipements de protection individuelle, la formation et l’information des travailleurs sur les risques liés à l’exposition au H2S et la mise en place d’une traçabilité des travaux exposants.

Par ailleurs, elle recommande de proscrire l’utilisation éventuelle de ces algues pour l’alimentation humaine ou animale, dans l’attente de la réalisation d’études plus approfondies sur la contamination des algues par les métaux lourds. L’Agence recommande également de poursuivre les recherches sur :l’exposition liée aux situations d’échouage d’algues sargasses et les effets sur la santé humaine ;la toxicité du H2S et plus particulièrement sur les effets d’une exposition chronique à de faibles doses de H2S ;les impacts environnementaux et sanitaires indirects liés à l’échouage d’algues sargasses (composition des algues, présence de métaux lourds) ;la prolifération et le phénomène d’échouage d’algues dans les départements français d’Amérique.

Peut-on lutter contre les sargasses ?

Pas vraiment si on s'entretient aux dires des spécialistes. Cependant, chaque pays de son côté, tente de lutter contre ce phénomène, même si les moyens sont identiques : Déblocage financier, bulldozer, bateau de ramassage, équipes de bénévoles sur les plages.

Il y a deux ans,le Mexique annonçait avoir investi un peu plus de neuf millions de dollars et embauché 4 600 travailleurs temporaires pour nettoyer les plages. L'assemblée locale de Tobago avait qualifié l’invasion des sargasses de catastrophe naturelle et débloqué trois millions d’euros pour financer une vaste campagne de nettoyage. Elle avait ainsi pu faire appel aux services d’entreprises lourdement équipées qui ramassent les algues tous les jours.

En Guadeloupe, Frank de Saint-Martin de la société NST veut aller plus loin, en transformant les sargasses comme les biomasses en énergie. Interviewé par le site spécialisé Caraïbe-agricole, il présentait son idée : « Les sargasses sont d’abord de la biomasse donc ces algues entrent pleinement dans notre procédé de transformation, et peu importe qu’elles soient humides. D’ailleurs, sur ce point, nous collaborons avec l’université des Antilles et notamment le laboratoire Covachim. Ensemble nous travaillons sur l’idée de transformer le charbon en charbon actif. »

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