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Mayotte, l'impossible confinement

Avec 460 cas avérés, Mayotte est devenu le territoire d’Outre-mer le plus touché par le Covid-19. Une augmentation des cas liée à la situation sanitaire catastrophique dû à l'extrême pauvreté qui règne dans ce petit archipel français de l'Océan Indien. A Mayotte, la promiscuité dans les quartiers populaires est sans doute l'un des facteurs de propagation. Mais sur l'île au parfum ce qui fait le plus peur aux habitants, c'est de manquer à manger.




Les territoires ultramarins français ne sont pas épargnés par l'actuelle crise sanitaire qui bouleverse le Monde actuellement. Selon les derniers bulletins publiés par les ARS, à ce jour, on recense officiellement 1447 cas avérés de Covid-19 principalement sur neuf territoires d'Outre-Mer, mais on comptabilise 32 décès officiels. Il faut aussi souligner que ces chiffres n'englobent pas le nombre de personnes malades se rendant en consultation chez le généraliste, celles mourant à domicile car, le dépistage n'est pas encore automatique.


Parmi les territoires touchés, ce sont les îles de l'Océan Indien qui comptent le plus de cas avérés de Covid-19. Cependant, c'est à Mayotte que l'on comptabilise le plus de personnes ayant contractées le Coronavirus. On enregistre donc officiellement 460 cas avérés de Covid-19 sur l'île aux parfums et quatre décès, bien plus qu'à La Réunion, qui affiche 418 personnes infectées officiellement et bien plus que la Martinique (175 cas et 14 décès), la Guadeloupe (149 cas et 11 décès), la Guyane( 124 cas et 1 décès), La Polynésie (58 cas) Saint-Martin et Saint-Bathélémy (44 cas et 3 décès), Nouvelle-Calédonie (18 cas) et Saint-Pierre et Miquelon (1).


Promiscuité, pauvreté généralisée les maux des mahorais


Des chiffres qui sont assez inquiétants quand on sait que Mayotte ne compte officiellement que 279 471 habitants ( selon le dernier recensement INSEE) même si certains élus mahorais et associations estiment le nombre d'habitants avoisinent les 400 000 habitants. Des chiffres difficiles à confirmer par les autorités liés à la forte pression sociale dû à une forte natalité. En effet, l'île est fortement marquée par une explosion démographique ces dernières années. Selon les statistiques elle est est passée de 11 000 habitants en 2011, à 256 518 en 2017. Le taux de fécondité s'élève à 4,86 enfants par femme mahoraises, des chiffres bien au dessus de ceux des autres départements de l'Hexagone comme dans le reste de l'Outremer. Le sénateur LREM Thani Mohamed-Soilhi, brandit le chiffre : « 10 000 naissances par an pour 257 000 habitants. C'est une salle de classe par jour. » En 2017, selon l'Insee, 75% des bébés nés à Mayotte avaient une mère étrangère. Couplée à la forte natalité, l'épineux problème de l'immigration clandestine.


Située dans l'archipel des Comores, Mayotte, région française très pauvre est vue par ses voisins de la région australe comme une sorte d'Eldorado du fait de son statut et des avantages sociaux qui y existent. Jusqu'en 2011, Mayotte était une collectivité d'Outre-mer française mais à l'issue du référendum de 2009, sur le changement statutaire, (95% des maorais se sont prononcés pour le changement), le petit territoire est devenu département français d'Outremer. Des résultats qui n'ont pas été reconnus par l'ONU, l'Union Africaine et les Comores qui depuis 1974 revendiquent le retour de Mayotte dans leur giron. Ainsi, en moins de deux décennies, l'archipel est devenu la porte d'entrée principale des migrants, qui viennent pour la grande majorité des Comores. Selon l'INSEE, en mars 2018, la population immigrée est estimée à 45% de la population adulte de l'île. 95% des étrangers sont de nationalité comorienne. A ce problème, s'ajoute celui du mal-logement. Ce sont principalement dans les grandes villes de l'archipel, Mamoudzou, Koungou, Dzaoudzi, Dembéni, Bandraboua, Tsingoni, Pamandzi etc que se concentrent les logements insalubres et autres bidonvilles qui défigurent les paysages urbains. Loin de disparaître, les habitations précaires augmentent. Selon l'INSEE, " La part des habitations fragiles ne diminue pas car il s’en construit toujours beaucoup. Moins onéreuses et plus faciles à édifier que les maisons en dur, elles répondent en effet rapidement aux besoins en logements des nouveaux arrivants, en particulier des nombreux immigrants venus des Comores entre 2012 et 2017. La croissance démographique ayant été plus forte encore entre 2012 et 2017 qu’entre 2007 et 2012, les constructions récentes en tôle sont plus nombreuses que sur la période précédente. Ainsi, 11 600 d’entre elles ont moins de cinq ans en 2017, soit 47 % de l’habitat en tôle ; en 2012, la part de l’habitat récent en tôle était de 38 %. En comparaison, 27 % des logements en dur ont moins de cinq ans en 2017. "





Evidemment, ceux qui occupent ces habitations faites de tôles ou de bois ( bangas) sont les personnes en situation irrégulières. " En 2017, 65 % d'entre elles habitent dans une maison en tôle, contre 25 % des Français nés à Mayotte ou à l’étranger, et seulement 3 % des Français nés en métropole ou dans un autre DOM " ajoute l'INSEE. De plus, bien que la situation se soit améliorer ses vingt dernières années, toujours l'institut de sondages, en 1997, 80 % des logements n’avaient pas encore l’eau courante. L’amélioration a été particulièrement spectaculaire entre 2007 et 2012, période au cours de laquelle le nombre de logements sans eau courante baisse de moitié. Mais celui-ci repart à la hausse entre 2012 et 2017 (+ 17 %), en lien avec les nombreuses constructions en tôle édifiées sur cette période. Aujourd'hui, l’accès à l’eau courante reste une problématique majeure à Mayotte : en 2017, 81 000 habitants n’ont pas d’eau dans leur logement, soit un habitant sur trois. Au-delà de son influence sur les conditions de vie, l’accès plus ou moins aisé à l’eau a en effet des conséquences sanitaires, surtout en période exceptionnelle de pandémie.


La crise sanitaire entraîne une crise alimentaire :


Depuis le confinement total décrété par le gouvernement, beaucoup de maorais(es) qui subvenaient à leurs besoins en travaillant dans les petits chantiers de construction, se sont retrouvés du jour au lendemain sans travail, entraînant ce que LePetitjournal.com, ( blog d'actualité dédié à la vie des expatriés à Mayotte) décrivait comme une situation inédite pour un territoire français, la peur de manquer de nourriture. Pour pallier à ce nouveau problème, la préfecture a ainsi mobilisé l'armée pour organiser le service de distribution de repas dans plusieurs lieux des différentes communes de l'archipel avec l'aide des forces de l'ordre, gendarmerie, police nationale et police municipale. Une mission qui se poursuivra jusqu'à la fin du confinement.


Un seul hôpital qui manque de tout :

Au 47e jour de confinement, le gouvernement parle de déconfinement, mais à Mayotte déconfiné serait un risque considérable, même la reprise des cours dès le 11 Mai pourrait être catastrophique. Les îles maoraises sont loin du pic épidémique dont parlent les médecins. Il n'y a pas non plus de baisse, au contraire, le nombre de malades augmentent quotidiennement. A l'hôpital de Madmoudzou unique hôpital de l'archipel, les professionnels sont débordés. A Mayotte, le service réanimation ne dispose que de 16 places et le dispositif sanitaire reste insuffisant. En outre, le département d'outre-mer dispose de seulement 80 médecins pour 100 000 habitants, alors que la moyenne nationale se situe à 437, selon un récent rapport du CESE. Difficile donc pour les professionnels de soigner les malades, sachant qu'ils doivent également lutter contre l'autre épidémie, la Dengue liée aux piqûres de moustiques qui accroît la pression sanitaire.


Tous ces faits prouvent qu'il est impossible pour les habitants de respecter les mesures d'hygiène préconisées par les instances nationales et internationales que sont

- éviter les contacts proches en maintenant la distance d'au moins 1 mètre avec les autres personnes surtout quand elles toussent, éternuent ou ont de la fièvre .

- éviter de se toucher les yeux, le nez et la bouche car, les mains sont en contact avec de nombreuses surfaces qui peuvent être contaminées par le virus. Si vous vous touchez les yeux, le nez ou la bouche, vous risquez d’être en contact avec le virus présent sur ces surfaces.

- Respecter les règles d'hygiène respiratoire en couvrant la bouche et le nez avec le pli du coude ou avec un mouchoir en cas de toux ou d’éternuement, jeter le mouchoir immédiatement après dans une poubelle fermée.

- Et la plus importante de toutes, le lavage constant des mains, des vêtements.

Pour faire face à l'actuelle pandémie, le Gouvernement à déployer de grands moyens sanitaires avec l'envoie de masques, de gants, de visières à destination des pharmacies, des professionnels de santé et des hôpitaux à travers le territoire national. Conscient des difficultés rencontrées dans les territoires ultramarins, l'Etat a dépêcher deux portes-hélicoptères, le Dixmude (déployé entre la Guadeloupe, la Martinique et la Guyane) et le Mistral en mission dans l'Océan Indien ( La Réunion / Mayotte) dans le cadre de la Mission Résilience.




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